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retirèrent à Trivady, pendant que les Français, restés maîtres du terrain, reprenaient Villapouram dont ils démolirent les fortifications. Ignorant les forces qui restaient à l’ennemi, Kerjean ne sut alors quel parti prendre et, trompé par ses espions il revint à Valdaour au lieu de poursuivre ses avantages, puis, sur de nouvelles indications, il reprit sa marche en avant et revint camper à Mattour, à mi-chemin de Valdaour et de Villapouram. Dupleix, devenu prudent, lui recommandait de ne rien livrer au hasard et de se replier sur Valdaour si, à Mattour, il se trouvait trop exposé.


Les Anglais pris en rade de Pondichéry. — Les Anglais n’étaient pas moins timides. L’échec de Vicravandy les avait affaiblis et, avant de rien entreprendre, ils attendaient des renforts de Madras. Ces renforts, au nombre de 80 hommes seulement, partirent sur des chelingues le 15 ou le 16 août ; le 17, ils passèrent à Cobion, où ils voulurent mettre à terre. Le Blanc, qui commandait pour nous la place, leur envoya 3 boulets de canon, qui leur firent prendre le large. Le 17 ils mouillèrent à Sadras et le 21, à une heure de l’après-midi, ils se trouvèrent au large de Pondichéry. Le vaisseau l’Anson les y attendait au nom de Dupleix et les ramena fort poliment à terre au nombre de 86 hommes, dont six officiers. La paix existant en Europe entre les deux nations ne permettait pas cette arrestation ; mais les Anglais n’avaient-ils pas donné l’exemple de la violation des traités en s’emparant eux-mêmes de Trivady et de Villapouram, sans prendre la peine de faire faire l’opération par leurs alliés ? Il était bien permis à Dupleix d’en faire autant. Sa seule déception fut de ne trouver que 80 soldats — pour la plupart des Suisses — alors qu’il avait espéré en prendre 200.