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ter au point d’attaque nécessaire. Dupleix avait donné à Kerjean des instructions sur la façon dont il devait conduire ses opérations :

« Choisissez un camp dont la situation puisse être avantageuse et vous mettre à portée de communiquer avec la place et de gêner l’ennemi dans ses opérations et dans ses convois, enfin faites en sorte d’éviter des pareils échecs à ceux que nous avons eus en dernier lieu… Ne tombez pas dans l’erreur du sr Law en faisant détruire son armée par de petits détachements, faute essentielle qui a tout perdu… Suivre autant qu’il sera possible la méthode des Anglais qui est de ne faire agir que leurs cipayes et de se tenir toujours derrière avec leurs blancs pour les soutenir sans trop les exposer au feu. Tenez aussi votre pièce toujours dans le corps des blancs et couvrez-en la volée afin qu’on ne puisse en connaître le calibre. » (A. Vers. E. 3751).

Dupleix ne se souciait pourtant pas de livrer bataille : malgré la bonne volonté des officiers, il n’avait pas confiance dans les troupes et, disait-il, a il y a bien du risque avec de tels gens. » Aussi désirait-il surtout que Kerjean empêchât la liaison des forces adverses, en réglant ses marches sur celles de l’ennemi (lettre du 9 août). Mais, déjà, à ce moment, la bataille était engagée avec Kineer et l’ennemi était complètement battu. La rencontre eut lieu le 9 août à Vicravandy et fut assez vive : pour la première fois on en vint à la baïonnette et les cipayes anglais prirent la fuite dans le plus grand désordre. Le major Kineer, blessé au cours de l’action, guérit de ses blessures, mais mourut peu de temps après du chagrin d’avoir essuyé par de mauvais calculs un échec aussi mortifiant.

Les Anglais qui, d’après Dupleix, avaient perdu dans cette affaire 150 blancs tués, blessés ou déserteurs[1], se

  1. D’après Orme, ils n’auraient eu que 40 européens tués ou blessés.