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Quelques jours après l’occupation de Trivady, les Anglais se présentèrent devant Villapouram, que défendait un sergent du nom de Le Comte. Comme son collègue de Trivady, il avait reçu de Dupleix (21 juillet) un premier ordre de ne pas résister et de se retirer à Valdaour, après avoir remis aux Anglais un inventaire des objets laissés dans la place et qui appartenaient au roi ; huit jours après, il en reçut un second lui prescrivant au contraire de tenir et de ne se replier sur Valdaour qu’après avoir épuisé toutes ses provisions. La ville, d’une défense fort difficile, se rendit le 4 août, au major Kineer, nouvellement arrivé d’Angleterre.

Sans perdre de temps, les Anglais se dirigèrent aussitôt sur Gingy qu’ils espéraient enlever de vive force. Kineer avait avec lui 200 européens, 1.500 cipayes et 600 cavaliers du nabab ; c’étaient de bien faibles effectifs contre une place de cette importance. Arrivé devant la ville le 6 août, Kineer somma Brenier de se rendre. Celui-ci avait avec lui 1.200 hommes ; il déclina l’offre avec infiniment de politesse. Kineer comprit qu’il n’avait pas assez de monde pour tenter soit une attaque soit un siège et, après être resté deux jours seulement devant la place, il battit en retraite.

Dupleix, est-il besoin de le dire ? avait suivi ses mouvements avec beaucoup d’attention ; il vit, au petit nombre de ses troupes, qu’il était mal engagé, et qu’on pouvait lui couper le chemin du retour. Il reconstitua vite une armée avec les renforts arrivés de France et quelques troupes rappelées du nord du Carnatic, mit à leur tête Kerjean récemment revenu du Décan et le dépêcha d’urgence à Vicravandy avec 300 européens, 500 cipayes et 7 pièces de canon : là il devait rencontrer La Volonté qui battait la campagne depuis trois jours, prêt à se por-