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et fit demander aux Maïssouriens si, en attendant ce délai de deux mois, ils ne se contenteraient pas des revenus de l’île de Sriringam, dont ils jouiraient immédiatement. Ce projet concilierait tout le monde, au moins pour un temps. Les Maïssouriens y virent un moyen de ne pas quitter le pays ; en restant sur place, ils seraient plus à portée de se saisir d’un gage qui peut-être ne leur avait pas été donné sans arrière-pensée. Ils acceptèrent donc le compromis. Ces dispositions prises, Lawrence se remit en marche le 9 juillet avec 500 hommes et 2.500 cipayes. Mahamet Ali l’accompagnait avec 2.000 cavaliers, ses seules forces. Toutefois, par mesure de précaution contre les Maïssouriens, Lawrence laissa dans Trichinopoly 200 européens et 1.500 cipayes sous les ordres du capitaine Dalton.

Ces quatre semaines de retard furent très préjudiciables aux Anglais. Pendant ce temps Dupleix reçut de France un renfort suffisant pour tenir l’ennemi en échec s’il s’avisait de pousser jusqu’à nos limites.

Les contestations au sujet de Trichinopoly avaient d’autre part brisé l’élan des alliés, détruit leur confiance mutuelle et peut-être préparé leur rupture. Non seulement Nandi Raja ne suivit pas Lawrence, mais Morarao, imitant son exemple, se réserva de conformer son attitude aux circonstances. Plus ambitieux que réellement puissant, il avait essayé de profiter des difficultés entre Mahamet Ali et le Maïssour pour jouer un rôle de médiateur et se faire donner Trichinopoly dans des conditions assez équivoques ; ces habiletés n’avaient servi qu’à éveiller la méfiance des Anglais ; aussi ne tenaient-ils plus autant à un concours aussi inquiétant. Il n’est pas enfin jusqu’au Tanjore qui ne rappela ses troupes et ne se désintéressa de toutes opérations hors de son territoire : le raja, satis-