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revenus territoriaux indépendants de ceux de la Compagnie.

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Il ne nous reste plus à parler que des cadeaux et gratifications ; c’est un sujet délicat.

Les cadeaux se présentent avec un certain air d’honnêteté. Ils ont été de tout temps d’un usage fréquent dans l’Inde et de nos jours ils forment encore la monnaie courante des relations utiles. Ils ne déplaisaient pas à Dupleix non plus qu’à sa femme ; Ananda, dans son journal, nous en donne de nombreux exemples. Ces cadeaux se traduisaient généralement par des sommes d’argent, lorsqu’il ne s’agissait pas de princes ou de seigneurs ; les souverains envoyaient plutôt des serpeaux ou vêtements de cérémonie, richement ornés, auxquels s’ajoutaient des bijoux et des pierres précieuses. Dupleix tenait à ce qu’ils fussent dignes de sa grandeur non moins que de la situation du donateur ; lorsqu’en mai 1751, Salabet j. lui fit cadeau d’un serpeau qu’il ne jugea pas suffisant, Dupleix y fit ajouter d’autorité une somme de 200.000 rs. Il est vrai que Dupleix savait reconnaître ces cadeaux de la façon la plus convenable[1].

Les gratifications prêtent davantage à la critique. Le principe en avait été accepté par la Compagnie elle-même lorsqu’en 1749 elle accorda une année de supplément à tous les officiers qui avaient pris part au siège de Pondichéry (A. V. 3746, f° 56). Dupleix ne fit que le généraliser. Il trouvait légitime que les officiers et même les

  1. Lorsque Muzaffer j. vint à Pondichéry à la fin de septembre 1749, il fit présent à Dupleix de serpeaux et bijoux valant 812 pagodes et à sa femme de robes et ornements en valant 3.622 (v. Ananda, t. 6, p. 205-206). Dupleix reçut en outre a éléphants valant de 3 à 4.000 rs. C’était un cadeau global d’environ 50.000 livres.