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Dupleix prête assistance à Mortiz Ali, nabab de Vellore. — Nos divers échecs devant Tirnamallé n’avaient pas trop affaibli notre prestige. Ce n’étaient que des opérations secondaires et on sentait bien que la grande partie se jouerait ailleurs. Nous en fumes quittes pour veiller plus strictement à Gingy, demeuré notre poste le plus avancé vers l’ouest, comme Chettipet l’était du côté du nord, au delà, ce n’étaient cependant pas nos ennemis qui étaient partout les maîtres. Si Mahamet Ali commandait à Arcate, Mortiz Ali, beau-frère de Chanda S., dominait toujours dans Vellore et bien que ce prince habile et peu scrupuleux jouât un rôle assez effacé, c’était par prudence plutôt que par insouciance qu’il ne voulait pas se déclarer. On a vu qu’il avait prêté quelque appui à son neveu Raza S. au moment du siège d’Arcate. Après leur défaite, ce fut chez lui que Goupil et Raza S. trouvèrent un refuge provisoire. La mauvaise conduite de nos affaires le tint pendant un an dans l’inaction, mais quand les Anglais furent à Vandischva, — ainsi qu’on le verra plus loin, — il prit peur pour ses propres états et, après leur départ il songea à se rapprocher des Français ; notre amitié lui parut une sauvegarde. Vers la mi-octobre 1752, il fit demander à Dupleix une dizaine d’hommes sachant manier le canon. Dupleix lui envoya Legris avec une cinquantaine de soldats[1]. Cet officier avait pour instructions de ne rien exiger de trop du nabab, de façon, disait Dupleix, à ne pas dégoûter ces gens-là de nous appeler à eux : « Vous pouvez lui donner des avis sur ce qui sera convenable de faire pour la garde de son fort, mais vous ne devez pas exiger qu’il les exécute à la lettre. Il est le maître chez lui et ces gens-là n’aiment

  1. Legris devait être payé sur le pied de 300 rs ; les sergents et caporaux 36 et 30, les soldats 25.