Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorsque, les 9 et 12 juin, la double capitulation de d’Auteuii et de Law eut ouvert à l’ennemi la route de l’est, il parut peu probable que les Anglais voulussent profiter de leurs succès pour venir nous attaquer dans Gingy, mais à tout hasard Dupleix crut devoir prescrire à Patté de garnir de tous les moyens de défense non seulement le haut mais encore le bas du Rajaguiri et il détacha 200 cipayes du corps de La Volonté pour renforcer la garnison. Puis il envoya Brenier reprendre possession du commandement. Celui-ci arriva à Gingy le 22 juin ; Patté resta chargé du paiement des troupes.

La ville extrêmement forte par sa situation était cependant hors d’état de résister à une escalade ; elle avait trop peu de monde et elle manquait de bouches à feux. Brenier ne perdit pas un instant pour la mettre à l’abri d’un coup de main. Il commença par démolir des maisons et abattre des arbres trop rapprochés des

    quand tout va bien ; on les punit si, par une maladresse quelconque, une faute dans le chargement ou un heurt dans le chemin, une colonne tombe à terre et se brise.

    Les transports commencés en mars se poursuivirent activement en avril et se continuèrent dans les mois qui suivirent jusqu’à ce qu’elles fussent toutes arrivées à Pondichéry. Combien y en eut-il ? On ne sait au juste, une vingtaine au moins. Ces colonnes dont quelques-unes décorent aujourd’hui l’entrée du pier de Pondichéry en un hémicycle gracieux, ont eu une singulière destinée. Le palais projeté par Dupleix ne fut jamais achevé, et les colonnes demeurèrent sur le sol pendant de longues, de très longues années. Les Anglais qui détruisirent Pondichéry en 1761, ne sachant qu’en faire les respectèrent. Plus tard on les enterra — pour les conserver — sur la place actuelle du gouvernement. Un peu avant 1870, on en exhuma quelques-unes pour en faire l’ornement du pier en construction et servir d’encadrement à la statue de Dupleix qu’on allait inaugurer. Ce sont celles que l’on voit encore aujourd’hui ; elles sont légères et élégantes et ont fort grand air ; mais il en reste probablement d’autres dans le sol et comme la place s’est rétrécie depuis le dix-huitième siècle et que sur ce retrait on a bâti des maisons, elles ne verront sans doute jamais le jour.