Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

250 cipayes. Ceux qui purent se sauver regagnèrent Chinglepet où ils jetèrent l’alarme.

La facilité avec laquelle Hoyt s’était rendu indigna Dupleix et, dans une lettre qu’il écrivit le surlendemain à Véry, il lui dit que s’il se trouvait jamais en pareil danger, il devait s’ensevelir sous les ruines de la place plutôt que de la livrer à l’ennemi. La lâcheté de Hoyt, lui disait-il, « m’engage à vous prévenir que si le cas arrivait que vous fussiez assiégé, que vous eussiez à faire venir devant vous les cipayes et leur dire que votre intention est de vous enterrer sous les murs de votre place, que le premier d’eux ainsi que des blancs qui viendrait vous faire la moindre proposition de lâcheté que vous lui casserez la tête, que ceux qui ne voudront pas se soumettre à cette idée peuvent dès ce moment se retirer où ils voudront, mais qu’une fois les portes fermées ils n’en sortiront plus. » (A. Vers, 3751).

Clive poursuivit les fuyards jusque devant Chinglepet. La place défendue pendant quatre jours par Willesme et Milon résista avec des forces inégales. Clive avait placé son artillerie à 250 puis à 100 toises des murailles : le quatrième jour une brèche assez large fut pratiquée dans le mur extérieur. En cette circonstance critique, Dupleix oublia la recommandation désespérée qu’il venait d’adresser à Véry ; il prescrivit à Willesme, s’il ne pouvait tenir tête à l’ennemi, de sortir de la place la nuit avec ses armes et bagages et d’allumer une mèche qui mettrait le feu aux remparts une heure après son départ. Mieux valait tenir ; Chinglepet entouré d’un grand lac du côté du nord et de l’est n’était prenable que d’un côté ; moyennant une gratification promise aux cipayes, peut-être serait-il possible d’obtenir d’eux qu’ils voulussent bien consentira porter de ce côté tous leurs efforts.