Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S’il ne pouvait plus, actuellement du moins, inquiéter Madras ni songer à reprendre Arcate, il pouvait encore troubler les Anglais dans leurs différents postes, en les tenant sous la menace de razzias permanentes. Et c’est tout à l’honneur de son génie de voir que moins de quinze jours après notre échec de Caveripacom, il ordonnait à La Volonté non pas d’attaquer telle ou telle place devant laquelle nos forces eussent été insuffisantes, mais de se porter dans toutes les aldées depuis Vandischva jusqu’à Conjivaram, où les ennemis avaient planté leur pavillon, de les en chasser et de les harceler de telle façon qu’ils fussent obligés de se tenir enfermés dans leurs forts. Il fallait que La Volonté restât le maître de la campagne et gênât sans cesse l’ennemi par ses marches et contre-marches ; il ne devait jamais rester plus d’un jour dans le même endroit. Étendant ensuite son action, Dupleix lui prescrivit (6 mai) de s’en aller jusqu’à Vendalore, en prenant Chinglepet comme base de ses opérations. La Volonté devait éviter tout siège en règle et toute bataille rangée.

Pour l’exécution de ces divers mouvements, on rassembla une nouvelle armée de cipayes et, en moins de six semaines, La Volonté en eut 800 à sa disposition. Il ne put exécuter à la lettre toutes les recommandations de Dupleix ; les lourdes chaleurs de l’Inde qui commencent en mai sont des plus déprimantes et paralysent toute activité ; il les exécuta pourtant en partie et, tel un batteur d’estrade, il tint en alerte tout le pays entre Chettipet et Chinglepet. Il n’était pas toujours heureux en ses opérations ; un jour, vers le 6 mai, il se fit étriller à Musurpacom en voulant prendre le fort ; à la suite de cet événement, il se tint tranquille pendant près d’un mois à Outremalour. Actif mais légèrement hâbleur, il promet-