Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Maures, je n’y vois que beaucoup de nonchalance et très peu de bonne volonté. » Il est vrai que le défaut d’argent n’invitait pas toujours les hommes à l’action. Les sommes envoyées de Pondichéry étaient insuffisantes pour les besoins journaliers. Les cipayes se plaignaient d’être payés en roupies n’ayant pas cours et les divers fournisseurs ou ouvriers de l’armée, ne recevant pas toujours leur compte, menaçaient de décamper.

Clive reçut sur ces entrefaites (26 février) une centaine de soldats européens du Bengale. Il put ainsi rentrer aussitôt en campagne avec 380 européens et 1.300 cipayes. Dès qu’il apprit son approche, Véry se replia sur Conjivaram. Ce recul précipité donna à penser à Clive que les Français songeaient moins à battre en retraite qu’à masquer un mouvement pour essayer de reprendre Arcate.

Il ne se trompait pas. Dupleix, qui savait ne pouvoir s’attaquer à Madras à cause des traités, n’avait envisagé la diversion de Vendalore et de Ponnamally que comme un moyen d’obliger l’ennemi à retirer ses forces d’Arcate, qu’il serait dès lors fort aisé de réoccuper. Ses prévisions s’étant trouvées en défaut, il avait jugé inutile de s’obstiner dans l’entreprise et, le 2 mars, il avait prescrit à Véry de se replier sur Caveripacom, dont l’occupation interromprait en fait toute communication entre Madras et Arcate[1] ; toutefois, pour ne pas rester sans appui à la côte, il avait décidé de maintenir cent cipayes dans Chinglepet, avec Milon pour les commander.

Clive ne connaissait assurément pas ces instructions : mais il savait que depuis trois semaines, La Volonté rôdait dans les environs d’Arcate et de Timery avec 200 cipayes. N’était-il pas là comme un éclaireur prêt à donner la

  1. Caveripacom est à 9 milles d’Arcate et 15 de Conjivaram. C’est aujourd’hui une agglomération d’environ 6.300 habitants.