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cembre pour assurer la liberté de ses mouvements dans la région d’Arcate. Il occupa Timery sans difficulté. À ce moment, les Marates vinrent le rejoindre avec 6.000 cavaliers[1]. Leur but était moins de faire le jeu des Anglais que de piller le pays pour leur propre compte. Ils aidèrent cependant Clive à repousser une attaque assez sérieuse des Français qui eut lieu à Arni le 11 décembre : c’était Brenier qui, suivant les instructions de Dupleix, se rendait à la côte par Chettipet, Arni et Conjivaram, avec les troupes de Raza S. revenues de Vellore. Les Marates déployèrent leur tactique habituelle et firent un gain de 100.000 rs., toute la caisse militaire de Raza S. Ce succès obtenu, ils abandonnèrent les Anglais pour se rendre à Trichinopoly et Brenier se retira sur Chettipet.

Après quelques jours de repos, Clive entreprit de délivrer Conjivaram. La garnison, toujours commandée par La Volonté, était alors composée de 30 européens et 300 cipayes. Malgré sa faiblesse numérique, il lui eut été facile de retenir l’ennemi pendant quelques jours, pour permettre à des renforts d’arriver ; la pagode avec ses trois enceintes successives lui offrait un abri assuré. Mais soit que La Volonté ait été, dit-on, trahi par un notable de la place, soit qu’il ait pris peur de quelques coups de canon qui firent une brèche dans les murs de la pagode, il évacua la ville pendant la nuit au bout de trois ou quatre jours, et la laissa sans résistance aux mains de Clive (29 ou 30 décembre). Brenier, arrivé quarante-huit heures plus tard, en reprit possession le

  1. Dupleix écrivait encore le 3 décembre à Law : « Ne soyez point inquiet des Marates ; ils sont à nous. Ce sont les dernières nouvelles que j’ai de Vellour. » (A. Vers. 3747). Peu de jours après, il reconnut qu’il avait été la dupe de négociations oiseuses et, le 13, il ne parlait que de faire pendre Morarao, si l’on parvenait à se saisir de ce « misérable ».