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19 novembre Morarao nous enleva presque sous les murs de la place une trentaine de têtes de bétail et essaya de pénétrer dans la ville elle-même. Les intrigues de Clive avaient été menées avec une habileté et une discrétion consommées.

C’était un nouvel ennemi à combattre. Il ne semble pas que, dans ces circonstances équivoques, Goupil ait fait preuve de plus de clairvoyance et de plus de décision que son prédécesseur. L’approche des Marates le jeta dans la consternation et, dans un accès de découragement, il proposa de lever le siège, sans même attendre le résultat d’une nouvelle lettre que Dupleix venait d’écrire à Morarao. Le gouverneur, déjà inquiet de la marche des événements, songeait à remplacer Goupil par Brenier, commandant de Gingy, lorsque se produisit la catastrophe.

Depuis l’arrivée des Marates, Raza S. n’avait que trois partis à prendre : se retirer sans combat, aller au devant de Morarao, ou essayer d’enlever le fort d’Arcate avant l’arrivée de Kilpatrick. Ce fut au dernier qu’il s’arrêta. L’attaque fut fixée au 25 novembre, à la pointe du jour.

L’ennemi, prévenu par un déserteur, nous attendait. L’assaut, donné par deux brèches différentes, fut mené avec la plus grande vigueur par les troupes indiennes surexcitées au préalable par des boissons enivrantes ; leur courage se brisa devant les heureuses dispositions de Clive qui sut assurer la continuité du tir par des mousquets et des canons préparés à l’avance et qui se remplaçaient en temps opportun ; en une heure, il ne fut pas brûlé moins de 12.000 cartouches. Au bout de ce temps, l’offensive cessa sur les deux points comme d’un commun accord et les Indiens se retirèrent dans la ville. Ils avaient perdu 400 hommes tués ou blessés et les An-