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Quoique réparés presque aussitôt par divers moyens de fortune, ces dégâts n’en compromettaient pas moins à la longue la solidité de la place ; le nombre de ses défenseurs était réduit à 120 européens et 200 cipayes. Clive touchait à un moment critique. Pour comble d’infortune le lieutenant Innis qui amenait un renfort de 100 européens et 200 cipayes fut attaqué à Trivatore par 2.000 hommes détachés d’Arcate et forcé de se retirer à Ponnamalli (5 novembre).

Raza S., crut devoir profiter de ces circonstances pour proposer à Clive une reddition honorable, avec une somme fort importante pour lui-même, sinon le fort serait pris d’assaut et la garnison passée au fil de l’épée. Clive fut insensible à ces offres comme à ces menaces. Il savait qu’un nouveau détachement anglais allait partir de Ponnamalli sous les ordres du capitaine Kilpatrick et — ce qui valait autant — il comptait sur un prompt secours de Morarao.

Ce chef marate, dont l’épée était à louer au plus offrant, était depuis plusieurs semaines l’objet des sollicitations les plus pressantes tant de Mahamet Ali et du Maïssour que de Clive et de Dupleix. Celui-ci lui avait promis 50.000 rs. par mois s’il prenait notre parti et allait rejoindre Chanda S. à Trichinopoly. Morarao n’avait pas dit non. Pour une fois, notre diplomatie se trouva en défaut ; obligé enfin de se déclarer, Morarao ne calcula que les forces respectives des belligérants et il eut plus confiance en celles de Clive qu’en celles de Goupil ou de Chanda S. Ce fut donc pour Clive qu’il prit parti ; néanmoins, quand il se rapprocha d’Arcate vers le 15 novembre, Dupleix comptait encore que c’était pour lui qu’il venait combattre, et on le croyait également à Madras et à Goudelour. Toute illusion cessa, quand le