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Mais ce qui manquait le plus aux chefs des assiégeants, c’étaient les qualités militaires. Ni Raza S., ni du Saussay n’avaient de plan ni ne savaient commander. L’incapacité de Raza S. était notoire et se révéla dans la suite de la façon la plus fâcheuse pour son amour-propre. Quant à du Saussay, dont la jeunesse avait été orageuse et fort indisciplinée, il n’en avait conservé ni la fougue ni l’audace souvent heureuse ; c’était maintenant un homme éteint qui accomplissait sa besogne journalière avec régularité, mais sans initiative. Il ne sut pas prendre le moindre ascendant sur Raza S., ni se résoudre lui-même à la moindre décision. Dupleix lui avait donné mission d’empêcher tout ravitaillement de la place du côté de Madras et, dans ce but, il avait placé, du côté de Conjivaram, dans le petit fort de Massurapacom, un détachement de 4 blancs, 6 topas, 130 cipayes et une dizaine de portugais sous les ordres d’un sergent nommé La Volonté. Celui-ci prit, perdit et reprit successivement Conjivaram à plusieurs jours d’intervalle. Les opérations du siège d’Arcate se prolongeant sans modifier la situation respective des belligérants, Dupleix finit par craindre que l’affaire se terminât pour nous d’une façon peu heureuse. (Lettre à Law du 21 oct.). Aussi, le 1er novembre, sous prétexte que son état de santé ne permettait pas à du Saussay de donner à l’armée des soins assez assidus, le remplaça-t-il par Goupil, qui avait déjà commandé nos troupes devant Tanjore en février 1750.

Goupil arriva à Arcate quatre jours plus tard avec deux pièces de 18 et 7 autres de plus petit calibre. Elles furent aussitôt mises en position et en moins de cinq jours, elles démolirent plusieurs pièces d’artillerie de la défense, renversèrent une partie de murs comprise entre deux tours et pratiquèrent une brèche de cinquante pieds.