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les créances sur divers débiteurs. La dette effective de la Compagnie n’aurait donc été que de 152.947 rs. ou 367.072 liv.[1]

Acceptons pourtant comme un maximum le chiffre de 20.924.000 liv. donné par la Compagnie comme une dépense de guerre. Il est en effet de toute évidence que si Dupleix n’engagea lui-même aucune des dépenses qui s’abritent derrière ce chiffre global, elles furent toutes une conséquence plus ou moins directe de sa politique. On fera ainsi la balance avec d’autres sommes que Dupleix, au dire du ministre Machault, aurait réellement encaissées mais qu’il aurait pris soin en diverses circonstances de dissimuler par des artifices de chiffres en usage à toutes les époques et sous tous les régimes. Godeheu nous dit en effet (p. 152 à 164 de son mémoire de 1764), à propos d’une somme de 24.110.418 liv. que Dupleix avait portée au bilan de Pondichéry du 30 juin 1752, que ce bilan durait bien pu être majoré « dans l’intention de déguiser au ministre le tort que faisait la guerre », et le ministre déclarait de son côté (lettre à Godeheu du 4 mai 1754), que ce bilan avait dû être établi « dans le but de justifier l’opinion qu’il y avait des fonds dans l’Inde » et « qu’il y avait des raisons et de fortes raisons de douter » de son exactitude[2].

  1. État des recettes et dépenses des fonds de la Compagnie depuis la fin de juillet 1748 jusqu’au 25 février 1754, dressé par Dupleix à bord du Duc d’Orléans le 20 mai 1755. (B. N., f. fr. n. acq. 9167, p. 37). — Cet état était destiné à la Compagnie.
  2. Nous n’avons pu retrouver ce bilan, mais il existe à la Bibl. Nat. (reg. 9167. p. 23 à 35), sous le titre de bilan général de tous les fonds reçus dans les différentes caisses de la Compagnie, depuis le 17 juillet 1748 jusqu’au 6 juin 1752, arrêté en la Chambre du Conseil supérieur du 15 octobre 1752, un état général des recettes et des dépenses, durant cette période. Il est probable que ce bilan est le même que celui dont parle Godeheu ; en tout cas, s’il y en eut deux à des