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alors que parut un de ces hommes dont la mission paraît être de détourner le cours normal des événements et d’ouvrir aux peuples des destinées insoupçonnées. Cet homme était Robert Clive.

Son rôle avait été jusqu’alors très secondaire. Né en 1725, arrivé dans l’Inde en 1744 comme écrivain de la Compagnie d’Angleterre, Clive avait été fait prisonnier à Madras, puis s’était sauvé à Goudelour, où, en l’absence de tout commerce, il avait accepté une commission d’enseigne. Il assista en cette qualité au siège de Pondichéry. Après la conclusion de la paix, il reprit son emploi civil et fut nommé commissaire aux vivres, fonction propre à lui assurer rapidement la fortune. La reprise des hostilités le ramena encore une fois à une vie plus active ; bien qu’il n’eut fait aucune étude militaire, il fut nommé lieutenant, puis capitaine. L’avenir prouva que le choix était heureux ; dans l’Inde d’alors, comme dans la Rome antique, il n’était pas besoin d’avoir des connaissances spéciales pour faire la guerre ; un homme audacieux et de bon sens, de jugement et de sang-froid suffisait. Clive avait ces qualités. Ayant amené un détachement de renfort à Trichinopoly au début du mois d’août 1751, il vit la démoralisation de l’armée et connut les projets de Mahamet Ali. Ils lui plurent et, revenu à la côte, il s’offrit à Saunders pour les exécuter. On savait qu’Arcate n’avait pas de garnison française ; avec de la promptitude et de la discrétion, il n’était nullement impossible de s’en emparer par surprise. Clive fut autorisé à tenter le coup.

Telle était la faiblesse des effectifs anglais qu’on ne put lui donner que 200 européens et 300 cipayes et, après cet effort, il ne resta à Goudelour que 100 hommes et, à Madras, 50 seulement. Clive quitta Madras le 6 septembre. La distance qui sépare cette ville d’Arcate est de 160 kilo-