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nemi avait passé le Coléron et commençait à nous couper toutes communications avec Pondichéry. Les vivres manquaient. Autorisé par Dupleix, Law chercha à négocier directement avec Mahamet Ali, mais on lui fit des conditions trop humiliantes qu’il dut rejeter. D’Auteuil ne fut pas plus heureux. Dupleix se flatta alors de pouvoir conjurer le destin en s’entendant avec Morarao. Les pourparlers étaient à peine engagés que la nécessité obligea Law à capituler : d’Auteuil qui arrivait à son secours avec une nouvelle armée venait d’être fait prisonnier ; tout espoir de salut était perdu.

Après avoir repoussé deux sommations, qui l’invitaient à se rendre à discrétion, Law, vaincu par la famine autant que par l’ennemi, dut enfin céder et le 12 juin il capitula.

« Tel fut, conclut-il, l’événement de ce siège de Trichinopoly auquel le sr Dupleix a attribué la suite de nos revers, époque funeste à nos affaires, mais humiliante pour lui seul, puisqu’il est prouvé d’un côté que le siège de cette place était, dans les circonstances où il fut entrepris, la plus haute de toutes les folies et que pour moi, quelque dur qu’il fût de me trouver la victime de ce projet, j’avais eu du moins l’avantage de tenir pendant dix mois contre une armée quatre fois supérieure à la mienne. »

Tels sont les arguments qu’invoque Law pour justifier sa conduite devant Trichinopoly. Ils portent toutes les apparences de l’exactitude et de la raison : avec des forces qui furent toujours inférieures à celles des Anglais, Law ne pouvait songer ni à les vaincre en bataille rangée ni à faire tomber Trichinopoly par un siège régulier. Ce fut incontestablement une erreur de Dupleix de s’être obstiné dans une entreprise impossible. On ne peut même con-