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Carvalho s’y prêta d’enthousiasme et lorsqu’elle eut obtenu pour ainsi dire la grâce de son gendre, Law fut amené devant Dupleix et devant Maissin et Dupleix lui dit : « Je vous fais sortir, Monsieur, parce qu’ayant bien examiné et pesé les bruits que la malignité et la calomnie avaient répandu, je n’ai rien trouvé dans votre conduite qui soit contraire aux lois de l’honneur et aux intérêts qui vous avaient été confiés ; j’écris en conséquence au Ministre et à la Compagnie et je les prie d’agréer mon désistement. M. Maissin pourra vous rendre le même témoignage. »

Law, qui n’était l’objet d’aucune inculpation précise, et que le P. Lavaur avait déterminé à n’élever aucune plainte contre la procédure engagée contre lui, accepta cette solution qui lui rendait la liberté et resta ensuite à Pondichéry. Dupleix parut lui rendre sans arrière-pensée son amitié et sa confiance, le nomma aide-major des troupes et rien ne troubla leurs rapports jusqu’en 1754.

Comment se fait-il qu’après cette sorte de non-lieu Dupleix ait formulé sept ans plus tard les articulations écrites que nous venons de lire ? S’imaginait-il que Law ne reviendrait jamais de l’Inde pour se défendre ni le contre-dire ?

On verra, au dernier chapitre de la vie de Dupleix, comment Law mis au courant de ces accusations lors de son retour en Europe en 1762 répondit à Dupleix par une plainte déposée au Châtelet puis par un mémoire justificatif qui fut répandu dans le public. Bornons-nous à reproduire ici les justifications qu’il donna de sa conduite devant Trichinopoly ; autant qu’elles peuvent être admises, elles comportent l’explication des événements que nous venons d’exposer et elles en dégagent dans une certaine mesure la moralité.