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Que faut-il penser de ces chiffres ?

Trois facteurs principaux les constituent :

D’abord les excédents de dépenses faites dans les comptoirs sur le produit réel des concessions. Ils s’élèvent ensemble à 2.082.369 livres, mais Dupleix reconnaît lui-même dans son mémoire de 1763 (p. 64 et 329), qu’au moment de l’arrivée de Godeheu, il avait engagé sur les fonds de la Compagnie une somme de 1.369.000 rs ou 3.910.000 liv., dont 1.440.000 pour fournitures de munitions, artillerie, armes et effets divers ; encore prend-il soin de nous dire que s’il en a fait usage, le revenu des concessions a procuré au Conseil supérieur des ressources infiniment supérieures.

Le mémoire de la Compagnie parut peu de temps avant la mort de Dupleix sans que celui-ci ait eu le temps de le réfuter ; — il voulut d’abord répondre à Godeheu dont l’attaque était plus ancienne. S’il avait survécu il aurait assurément déclaré que sa responsabilité n’était pas directement engagée dans la plupart des charges qui s’y trouvaient énumérées. N’était-ce pas par une conséquence détournée de sa politique plutôt que par son action propre que les dépenses militaires avaient dépassé la normale de 3.675.000 livres ? N’était-ce pas par une autre conséquence des événements que la levée des hommes en France et leur transport dans l’Inde avait coûté 4.365.000 liv. ? Il n’avait engagé personnellement aucun de ces crédits ; c’était la fatalité qui les avait imposés.

Quant aux dettes, d’ailleurs non dénommées, que la Compagnie pouvait avoir dans l’Inde au moment de l’arrivée de Godeheu, Dupleix les évaluait seulement à 1.164.947 rs. ou 3.795.872 liv. ; encore estimait-il qu’elles étaient couvertes jusqu’à concurrence de 1.012.000 rs. par les cargaisons des navires, les effets en magasins et