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savoir qu’il était réduit lui-même à la dernière extrémité et qu’il avait déjà fait à l’ennemi la proposition de lui céder la moitié de ses gros canons. « C’est cependant dans de telles occurrences que la fermeté est la plus nécessaire », lui répondit Dupleix. Et il lui recommandait encore une fois de ne pas traiter avec les Anglais, de tomber sur l’ennemi et de s’ouvrir une retraite honorable.

Malgré les malheurs dont il était accablé et ceux qu’il pressentait, Dupleix pensait toujours pouvoir conjurer le dénouement fatal par ses négociations. D’Auteuil rendu à la liberté pouvait encore le servir ; au lieu de revenir à Pondichéry, il lui prescrivit d’aller à Trichinopoly et de s’aboucher avec le nabab. Lui-même avait préparé toutes les voies du côté de Salabet j., Mahamet Ali n’était plus considéré comme un rebelle mais comme un soldat heureux à qui la fortune avait souri. Citons encore cette lettre du 13 juin ; elle devait être la dernière.

« Je viens de recevoir dans l’instant des ordres de Salabet j. de faire la paix avec Mahamet Ali et qu’il ratifiera tout ce que je ferai à ce sujet. Je suis donc prêt d’entrer en négociation et d’écouter les demandes de Mahamet Ali. Je vous écris la présente pour que, si elle vous trouve en chemin pour revenir ici, vous vous en retourniez auprès de Mahamet Ali et que vous lui disiez que je suis prêt d’entrer dans tout ce qui pourra rétablir le calme dans cette partie, qu’il peut vous détailler ses demandes et vous garder auprès de lui pour me servir d’agent dans cette affaire importante. Salabet j. me marque tout ce que le vaquil de Mahamet Ali lui avait demandé et les réponses qu’il lui avait faites. Ainsi, conséquemment à ses réponses, je suis tout disposé d’agir. Il ne tient qu’à Mahamet Ali de terminer à la satisfaction du nabab Salabet j., à la sienne et à la mienne. Et pour lui donner une preuve certaine de ma sincérité, vous donnerez ordre, si Mahamet Ali y consent, à M. Law de cesser tout acte