Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorsqu’il envisageait ces négociations, Dupleix se flattait de la pensée que Law pourrait encore tenir un certain temps dans Sriringam : il ne croyait nullement que notre armée fût réduite à quelques jours de vivres et, pour lui permettre de résister, il lui fit passer en trois jours 22.000 pagodes par les voies les plus sûres qu’il put trouver. Malheureusement la situation de Law empirait de jour en jour ; depuis la prise de Pitchanda, le campement qu’il occupait dans l’île était sans cesse en butte au bombardement de l’ennemi. Le 29 mai, il prit le parti de l’abandonner et se retira avec ses troupes dans la pagode de Jambakistna, tandis que Chanda S., obligé d’épouser notre destinée, allait s’abriter avec les siennes dans la grande pagode. C’était l’investissement complet de notre armée.

Dupleix espérait toujours que Law pourrait se dégager par une retraite du côté de Tanjore et de Karikal, où les routes étaient moins bien gardées. Si cependant il était obligé de capituler, de grâce, que ce ne fût pas avec les Anglais ! Nous n’étions pas en guerre avec eux.

« Si vous êtes forcé de capituler, écrivait Dupleix le 30 mai, vous sauverez autant qu’il sera possible l’honneur de notre petite artillerie. Dans cette affaire, vous ne devez point vous adresser aux Anglais pour quelque raison que ce puisse être, à moins qu’ils ne vous déclarent formellement qu’ils nous font la guerre. À moins de cela, vous devez formellement refuser tout traité où ils voudront se mêler. Vous ne devez avoir affaire qu’avec Mahamet Ali et non avec d’autres. C’est à lui à qui vous devez vous adresser, soit pour faire la paix ou pour votre capitulation. Vous pouvez même demander que Morarao entre dans l’une et dans l’autre… J’aimerais cependant bien mieux une bonne retraite en bon ordre. »

En réponse à cette lettre, Law répliqua qu’on n’arrive-