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le soubab ne se déclarât peut-être contre nous, de se couvrir de son autorité encore reconnue pour faire impression sur l’esprit de Mahamet Ali.

C’est alors que l’esprit inventif de Dupleix se révéla dans toute sa magnificence. Si l’homme ne se décougeait jamais, il n’était non plus jamais à court d’expédients. Il calcula fort judicieusement que la principale force de Mahamet Ali venait de la cavalerie des Marates ; pourquoi ne pas essayer, non plus de gagner Morarao à notre cause, mais d’en faire en quelque sorte, par d’habiles flatteries et des présents judicieux, l’arbitre de la situation ? Une telle proposition ne pouvait que flatter son amour propre, accroître son importance et grandir sa situation. Ce fut l’objet de la lettre que Dupleix écrivit à d’Auteuil le 26 mai, quand il connut la prise de Pitchanda.

« Tout cela me fait voir que la fortune n’est plus pour nous et que nous n’avons d’autre parti à prendre que celui de la paix, à laquelle je vous prie de travailler. C’est le seul parti que les opérations de M. Law nous permettent de prendre. Vous pouvez écrire en droiture à Mahamet Ali et lui proposer de le laisser tranquille possesseur de Trichinopoly. Enfin faites à ce sujet tout ce que vous pourrez pour que nous puissions nous retirer de là avec le moins de déshonneur qu’il sera possible… M. Lawrence n’est plus dans l’intention de vous envoyer un autre passeport… Si M. Law prend le parti de capituler, vous n’en avez pas d’autre à prendre que de vous replier à Gingy avec tout votre monde et de dire au chef de Valgonde de faire semblant de se soumettre à Mahamet Ali… »

La médiation de Morarao ne venait qu’à la fin de la lettre, comme une idée du dernier moment. Dupleix fixait à 200.000 rs. le prix de son intervention avec promesse du double si par hasard il voulait se joindre à nous.