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pour déloger d’Auteuil d’Outatour. Après quelques escarmouches sans importance, il trouva moyen de nous faire illusion par un habile déploiement de ses troupes et, quoiqu’il n’y eut pas eu de combat au sens propre du mot, d’Auteuil intimidé abandonna ses positions pendant la nuit et se replia sur Valconde sans être inquiété (13 mai). Peut-être exécutait-il avec trop de conscience les prescriptions de Dupleix, « de ne pas se risquer sans de bonnes précautions ».

Cette fois, c’était bien la séparation définitive des deux armées françaises ; à moins d’un miracle, elles ne pouvaient plus se rejoindre, et Law de plus en plus isolé courait risque de se voir toute retraite fermée soit du côté de Pondichéry, soit du côté de Karikal.

La prise de Pitchanda, à un mille seulement à l’est de Sriringam, qui eut lieu le 21 mai, aggrava encore notre situation ; de cette nouvelle position, les Anglais pouvaient aisément nous bombarder dans l’île elle-même, où il n’y avait plus dès lors aucune sécurité.

Les événements se succédaient avec une telle rapidité que Dupleix ne pouvait plus donner aucun ordre approprié aux circonstances. Après le 13 mai, il sentit que la partie était pour ainsi dire perdue et que, pour éviter un désastre, il fallait négocier. Il calculait que Law devait avoir encore pour un mois de vivres et que pendant ce temps tout pourrait s’arranger. Deux vaisseaux lui arrivèrent de France le 19 mai avec 450 hommes ; selon ses instructions, Bussy avait détaché de son armée une force assez importante de cipayes et de cavaliers qui s’approchait de la Quichena, sous la conduite de Coja Namet oulla kan. Avec ces renforts, dont la menace suffirait peut-être, Dupleix pensait assurer le succès de ses négociations. Il invita en conséquence d’Auteuil à se rendre à