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rester de bombes ; quant aux poudres, il est aisé de les jeter à l’eau. Voilà des extrémités bien fâcheuses que nous devons au passage du convoi. Vous ferez part de cette lettre à M. d’Auteuil, lorsqu’il vous aura joint, s’il a ce bonheur. »

C’était en somme la liquidation de l’expédition que Dupleix entrevoyait ; mais telle était sa force morale et en même temps sa faculté d’illusion qu’il ne désespérait pas encore et, quelques jours après, le 7 mai, il traçait un nouveau plan d’attaque contre Samiavaram avec toutes les forces de d’Auteuil et 2 à 300 blancs de Law, l’un allant à la rencontre de l’autre. Le succès lui paraissait immanquable.

Law ne dédaignait pas systématiquement tous les ordres de Dupleix ; il essaya cette fois d’entrer dans ses vues. Ayant appris que des troupes anglaises remontaient vers le nord dans la direction d’Outatour, il pensa que c’étaient celles de Clive et que par conséquent Samiavaram restait exposé à un coup de main. Il passa donc précipitamment le Coléron ; mais il comptait sans l’excellente police de Clive. Celui-ci était informé de tous nos mouvements. Aussitôt qu’il connut la marche de nos troupes, il alla au devant d’elles. Il n’y eut pas bataille ; voyant ses projets découverts. Law ne crut pas devoir engager la lutte ; il repassa le Coléron. L’étau se resserrait un peu plus.

Les renseignements sur la marche des Anglais vers le nord n’étaient pas inexacts ; seulement c’étaient les troupes de Dalton qui opéraient. Lawrence avait résolu de profiter de la démoralisation de nos soldats et de la timidité de nos manœuvres pour porter un grand coup et mettre d’Auteuil hors d’état de se joindre jamais à Law. Dans le temps où celui-ci partait pour Samiavaram, Dalton marchait avec 150 européens, 4.000 cipayes et 2.000 cavaliers