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défendue par trois pièces de canon et deux mortiers.

Ces nouvelles achevèrent de jeter la consternation dans le cœur de Law et le désarroi le plus complet dans ses idées ; il ne savait plus quel parti prendre ni quelle opération effectuer : une seule chose était certaine, c’était que désormais il ne pouvait songer à rejoindre d’Àuteuil. Celui-ci de son côté, posté à Outatour, n’était pas en mesure, avec le peu de forces dont il disposait, d’essayer de faire une trouée dans la direction de Sriringam. Dupleix enfin, désorienté par la tournure des événements, n’osait plus recommander la moindre manœuvre ni à l’un ni à l’autre ; tout dépendait de leur entente, si toutefois ils pouvaient encore correspondre ensemble. Devant la gravité de la situation, Dupleix penchait pour une attitude prudente et réservée. « Je suis bien persuadé, écrivait-il à d’Auteuil le 5 mai, que vous ferez tout ce qui dépendra de vous pour rétablir nos affaires, mais je vous prie de ne point vous risquer en particulier, sans être bien sûr de votre fait. » Il était plus pessimiste encore avec Law et, s’il lui donnait toujours des avis, c’était plutôt pour lui indiquer des moyens de se dégager avec le moindre mal et le moindre déshonneur de l’étreinte qui l’enserrait de plus en plus. Il lui écrivait le 3 mai :

« Plus je fais réflexion sur le contenu de vos dernières lettres et plus j’ai lieu de craindre que vous ne soyez obligé de quitter Sriringam, puisqu’avec le monde que vous devez avoir vous ne croyez pouvoir secourir Colhéry ni aucun endroit attaqué. La présente est donc uniquement pour vous dire que, si vous prenez ce parti avant la jonction de M. d’Auteuil, que vous ayez à enclouer non seulement le gros canon, mais encore à faire casser à chacun un tourillon et même les deux et faire jeter dans la rivière les boulets. Pour les mortiers je crois que vous pouvez les conduire avec vous. Envoyez à l’ennemi ce qu’il peut vous