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dans la place le 26 vers quatre heures du matin ; dans leurs rangs se trouvaient un assez grand nombre de déserteurs anglais, une quarantaine, dit Malleson. Au qui-vive des sentinelles, ils répondirent : amis, en leur langue, et un instant on crut que c’étaient des retardataires de l’armée qui revenaient ou des renforts envoyés par Lawrence. L’erreur ne fut pas de longue durée. On commença à être détrompé lorsque nos hommes se mirent à tirer. Clive, réveillé en sursaut, courut aux assaillants qu’il prenait encore pour des rebelles ou des mutins et leur demanda raison de leur conduite. Peu s’en fallut qu’il ne fût tué avant que l’erreur fût dissipée ; un de nos officiers lui porta un coup qu’il fut assez heureux pour parer ; l’officier français fut aussitôt abattu. Revenu de son erreur, Clive comprit le danger de la situation ; avec une admirable présence d’esprit, il rassembla son détachement et, nos hommes ayant commis la faute de pénétrer dans une pagode, il les y enferma, fit amener le canon et les somma de se rendre. En un instant la face des choses fut changée ; nos soldats, encouragés par leurs officiers, voulurent faire une sortie et restèrent en partie sur le terrain. D’autres se rendirent ; d’autres enfin purent se sauver dans la campagne où ils furent rejoints au lever du jour et taillés en pièces.

Cette affaire décida pour ainsi dire du sort de la campagne ; elle empêcha la jonction de nos forces et à partir de ce jour, nous ne connûmes plus que des revers ou des désastres. Le 2 mai, le général tanjorien Manogy reprit Coilhady sans éprouver de résistance, et, dans les jours qui suivirent, Lawrence alla lui-même investir Pitchanda, qui est presque aux portes de Sriringam, du côté du nord. Nous y avions une garnison composée de 72 européens, 49 topas et quelques cipayes. Elle était