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Anglais ne pouvaient manquer de succomber. L’opportunité de cette manœuvre dictée par la disposition respective des troupes n’échappa pas à Dupleix qui, dès le 24 avril, demanda à Law ce qui l’empêchait de chasser l’ennemi de Samiavaram.

D’Auteuil était parti de Pondichéry avec 40 blancs et 2 canons ; le 25 avril il trouva à Outatour le capitaine Murray avec 60 blancs détachés de Coilhady ; d’autres renforts ne devaient pas tarder à le rejoindre tant de Gingy que de la côte. On pouvait tout espérer de la convergence de ces forces.

Dupleix eut alors une idée des plus singulières, qui, bien qu’abandonnée presque aussitôt que conçue, n’en mérite pas moins d’être signalée. Il ne s’agissait rien moins que de gagner Lawrence, en le déterminant à abandonner Trichinopoly moyennant une somme d’argent. À tort ou à raison, Dupleix croyait que l’homme n’était pas insensible au gain ; peut-être, pour accroître sa fortune, consentirait-il à se désintéresser de Trichinopoly qui, après tout, n’était pas une possession anglaise. Nous préférons citer textuellement la lettre que Dupleix écrivit à ce sujet à d’Auteuil le 30 avril :

« Le sr Lawrence est fort avide d’argent. Je crois que l’on pourrait tirer parti de son avarice. Voici ce que je pense à ce sujet. Ce serait que le nabab [Chanda S.] envoyât un homme affidé et adroit auprès de l’homme qui sert d’interprète à cet avaricieux… Il faudrait faire entendre à cet homme que si Lawrence veut abandonner Trichinopoly et amener avec lui toutes les troupes anglaises avec leurs canons, qu’on leur laisserait le passage libre par le Tanjore, que pour reconnaître ce service on lui donnerait jusqu’à 50.000 rs. Chanda S. peut ajouter à cette offre personnelle l’assurance de laisser jouir la nation [anglaise] des terres de Trivendipouram et de leur donner à