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que Dupleix ne lui avait pas trouvé de successeur autorisé. Dans l’armée même de Law il n’y avait plus de capitaines français et les réserves de Pondichéry étaient des plus médiocres. Après avoir songé un instant à Durocher de la Périgne, que rien ne désignait pour un commandement de cette importance, Dupleix recourut encore une fois au dévouement plutôt qu’aux talents de son beau-frère d’Auteuil ; celui-ci devait au moins aux intérêts de sa famille d’accepter ce rôle sacrifié. Il fut toutefois entendu que Law garderait le commandement des troupes de Sriringam jusqu’à ce que le nouveau chef eût pu le rejoindre, et — détail à noter — qu’il le reprendrait ensuite, si cela lui convenait, après avoir rétabli sa santé à Pondichéry (lettre à Law du 22 avril).

Les événements en disposèrent autrement. L’ennemi n’eut pas plutôt délivré Trichinopoly que, comptant moins sur ses forces que sur l’effet moral produit par notre retraite, il résolut d’enfermer Law dans Sriringam et de lui couper toutes communications avec Pondichéry. Il ne perdit pas de temps : le plan fut exécuté aussitôt que conçu et, dès le 17 avril dans la nuit, Clive passait le Cavery puis le Coléron, à six milles environ au-dessous de Trichinopoly ; le lendemain, il prenait possession de Samiavaram[1], avec 400 hommes de ses meilleures troupes européennes, 1.200 cipayes et 4.000 cavaliers.

Avec un peu d’audace ou de bonheur, Law eût pu mettre les Anglais dans la situation où ils voulaient eux-mêmes le placer ; il suffisait qu’il leur coupât au sud le chemin du retour, pendant que d’Auteuil arriverait du nord avec de nouvelles forces ; pris entre deux feux, les

  1. Samiavaram est aujourd’hui un village de 1.200 habitants à 8 milles au nord de Trichinopoly.