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les cafres, 1.800 cipayes à notre solde et environ 15.000 Indous, tant infanterie que cavalerie ; il laissa seulement, on ne sait pourquoi, sur le rocher d’Elmisseram, un petit poste qui fut enlevé dès le lendemain par le capitaine Dalton.

Dupleix ne fut point étonné de cette retraite : il s’y attendait depuis quinze jours. Il n’en fut pas non plus indigné ; il n’était pas dans ses habitudes de montrer de la mauvaise humeur contre les faits accomplis ; il aimait mieux, en pareil cas, s’en consoler avec la Providence, c’est-à-dire préparer au plus vite une revanche. Il se borna à écrire à Law avec une résignation attristée qu’il ne comprenait pas qu’il eût pris, contre son avis formel, une résolution aussi désespérée.

« Je ne vous répondrai qu’un mot au sujet de votre retraite. Vous ne trouverez dans aucune de mes lettres que j’y aie jamais consenti ; ainsi, agissant contre mon sentiment, vous pouviez également faire cette opération quinze jours plus tôt. Vous n’étiez pas plus autorisé de la faire depuis que vous ne l’étiez alors ; vous l’avez cependant faite sans même avoir pris les précautions les plus ordinaires dans un cas semblable, car ce que vous m’avez envoyé après coup ou rien est à peu près la même chose. » (Lettre du 13 mai).

Dupleix craignait seulement que la hausse des eaux du Coléron, en lui fermant la route du nord, ne le retînt prisonnier dans l’île de Sriringam et ne l’amenât, comme on avait fait à Arcate, à capituler.

Bien que rien ne fût encore compromis et que l’affaire du 8 avril n’eût pas été pour nous une défaite réelle, puisque nous restions sur nos positions, il était difficile que Law gardât le commandement. Il ne le désirait pas lui-même ; dans la plupart de ses lettres il demandait à être remplacé et s’il était resté à la tête des troupes, c’est