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qu’alors retiré à Sriringam, pour se conformer aux ordres de Dupleix ; mais celui-ci lui avait écrit le 22 mars que s’il manquait le coup contre les Anglais, il n’aurait d’autre parti à prendre que de se cantonner dans l’île (A. Vers. 3750). Rien n’empêchait plus la retraite.

Mais repasser le Cavery, c’était renoncer au blocus de Trichinopoly et, en se cantonnant dans Sriringam, on se condamnait à l’inaction. Le plus sage eût été de renoncer à l’expédition elle-même. Dupleix envisagea bien cette éventualité par lettre du 19 avril, mais quoi qu’en ait écrit le colonel Malleson, c’était une simple boutade ; le lendemain il n’y pensait plus.

La retraite à Sriringam ne suivit cependant pas immédiatement l’insuccès du 8 avril. Law hésita encore pendant quatre jours à prendre une détermination aussi grave, mais à la suite d’une manœuvre du capitaine Dalton dans la nuit du 12 au 13, il se crut trop exposé au-delà du Cavery ; malgré l’appui que lui donnaient encore les postes fortifiés du Roc Français et d’Elmisseram, il prit peur et le lendemain il donna l’ordre de repasser le fleuve. Ce fut en vain que Chanda S. le pria et le supplia de ne pas donner suite à un projet aussi pernicieux. Hanté par la supériorité des forces anglaises, Law répondit à Chanda S. que s’il ne voulait pas le suivre, il était libre de ses actes, mais alors il s’accommoderait seul avec l’ennemi comme il l’entendrait. Chanda Sahib suivit. La crainte fut si grande et le départ si précipité qu’on sacrifia une grande quantité d’approvisionnements auxquels on mit le feu, sans se préoccuper de savoir si, dans une île d’un encerclement facile, on ne risquait pas d’affamer prochainement les troupes et rendre leur situation des plus précaires et des plus misérables. Law emmena avec lui 600 européens y compris les topas et