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engager une action incertaine, et préféra se dérober à l’attaque. Comme il avait plus de monde que Murray, il put se retirer sans être inquiété. Law pouvait encore l’arrêter avec la masse de ses troupes ; malheureusement il n’avait pas encore effectué leur concentration et ce fut sous les murs mêmes de Trichinopoly que, dès le lendemain, il dut engager la partie, au risque d’être pris entre deux feux, celui de la garnison et celui de l’armée de secours. Il avait disposé ses forces suivant une ligne allant du village de Chuklapolam sur le Cavery au Rocher Français, avec une oblique se prolongeant jusqu’au roc d’Elmisseram. La route du convoi passait entre ces deux positions : Lawrence ne fut pas assez fou pour s’y engager, non plus que pour attaquer aucun de nos postes ; il préféra arriver à Trichinopoly en les contournant vers le sud et ce fut au Pain de Sucre qu’il donna la main à 200 hommes que Clarke et Dalton lui amenèrent de la ville investie. Ce fut ce moment que Law choisit pour attaquer ; il déchaîna une vive canonnade et lança en avant les cavaliers d’Alem khan, l’aventurier qui venait de se tailler une sorte de royaume dans le Maduré. La mort de cet homme, survenue presque au début de l’action, fut le signal d’une débandade générale, mais n’entraîna aucun désastre. Lawrence était trop heureux d’entrer dans Trichinopoly à si bon compte pour songer à nous poursuivre[1].


Tel fut le résultat de la division de nos forces. Cet insuccès, quoique militairement peu grave, décida néanmoins du sort de la campagne. Law ne s’était pas jus-

  1. Malleson dit que dans cette affaire nous aurions perdu 40 européens et 300 indigènes ; les Anglais n’auraient perdu que 21 des leurs, dont 7 morts d’insolation.