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avoir contourné Gingy ; le 30 ils étaient à Devicotta et le 4 avril à Combaconam, à peu de distance de la ville même de Tanjore. Ils comprenaient 400 européens et 1.100 cipayes, commandés par le major Lawrence, revenu depuis peu de jours d’Angleterre, et, sous ses ordres, par le capitaine Clive. Ces deux hommes valaient à eux seuls une armée ; ils revenaient l’un et l’autre précédés de la réputation militaire la mieux justifiée et les succès tout récents de Clive dans le nord du Carnatic, qu’il avait balayé de toutes les forces françaises, ajoutaient encore à la force des armes anglaises. Le prestige moral était incontestablement du côté de nos ennemis ; les exploits de Bussy, beaucoup plus importants, se passaient trop loin pour faire au sud la moindre impression sur les esprits.

Quoiqu’en pensât Dupleix, ce n’était peut-être pas une faute de Law de ne pas vouloir s’aventurer loin de Trichinopoly ; avec d’heureuses dispositions, il pouvait aussi bien intercepter le convoi et battre l’ennemi aux approches de la ville ; à 130 milles environ de la côte, le désastre eût même été plus complet pour les Anglais. Encore fallait-il qu’il prit ces dispositions. Or, pour concilier ses propres sentiments avec les ordres de Dupleix, il eut le tort de diviser ses forces, risquant ainsi de n’assurer nulle part leur supériorité. Prévoyant que l’ennemi passerait à proximité de Coilhady, il y détacha 200 européens et 3 à 400 indigènes sous les ordres d’un capitaine d’origine anglaise nommé Murray, tandis que lui-même restait au camp. Égaré par ses guides, Lawrence passa en effet sous les feux de Coilhady et y fut accueilli, le 7 avril, par une volée de coups de canon qui lui fit perdre une vingtaine d’Européens et jeta le plus grand désordre dans ses bagages. Ignorant nos forces, il ne voulut pas