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que je vous ai marqué sur votre cantonnement à Seringam, vous voyez qu’il n’y a pas d’autre parti à prendre, vous délibérerez avec les principaux, mais avant que d’en venir là, vous devez rappeler tout le monde que vous avez de dispersé. Peut-être que quand tout vous aura joint, vous penserez autrement. »

Dupleix ne désespérait pas encore de voir Law exécuter ses instructions ; il les lui renouvela le 29 :

« Vous avez été averti à temps ; il est de votre honneur de détruire ce convoi ; prenez à ce sujet les plus justes mesures et pour ne point vous tromper, faites compte qu’il pourra y avoir 250 blancs, mais Dieu sait quels blancs et quelle confusion de coulis il doit y avoir. C’est de ce coup que dépend la suite. Ne négligez rien pour réussir ; je vous laisse carte blanche. »

Autant d’ordres ou de conseils perdus. Law continuait de faire la sourde oreille. Il consentait toutefois à aller attendre l’ennemi à trois ou quatre lieues de Trichinopoly mais pas plus loin ; dans ses lettres, il ne parlait jamais du convoi et Dupleix pressentait bien le 2 avril qu’on ne ferait rien pour l’arrêter : « Je suis mortifié, lui dit-il, de voir que vous n’en sentez pas l’importance. Mon recours sera à l’ordinaire à Dieu. Si les hommes m’abandonnent, il me soutiendra comme il a fait jusqu’à présent. »

Le 5 avril, Dupieix était enfin résigné à voir ses projets bouleversés et ses ordres inexécutés ; mais, écrivait-il encore, personne ne comprendra jamais qu’avec 30.000 hommes[1], Law n’en ait pas attaqué 2.000.

Cependant les renforts anglais partis de Madras étaient arrivés le 23 mars à Goudelour par voie de terre après

  1. En y comprenant bien entendu tous les hommes qui, à divers titres, accompagnaient ou servaient l’armée ; le nombre réel des combattants ne devait guère dépasser 5 à 6.000 hommes, dont les 900 blancs sous les ordres directs de Law.