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valable. (Lettre du 22 mars. A. Vers. 3750). Or la situation ne lui paraissait pas comporter ce parti, au moins jusqu’à la saison des pluies, qui commence d’ordinaire en juin. Pour décourager Law d’effectuer cette retraite, il dégarnit Gingy de presque toutes ses troupes et fit partir les 23 et 24 mars deux convois de français, de cipayes et de cavaliers, avec ordre de faire toute diligence, au besoin en marchant la nuit. Il était nécessaire d’après lui que ces détachements arrivassent avant que l’ennemi fût à moitié chemin de Devicotta et de Trichinopoly ; ainsi renforcé, Law pourrait sans crainte se porter à sa rencontre.

L’annonce de ce renfort ne rendit pas à Law la confiance qui lui manquait ; il restait convaincu que Sriringam était encore le meilleur poste d’observation : c’est de là seulement qu’il croyait pouvoir agir avec le plus de sûreté. Sans résister cependant aux ordres de Dupleix, il ne paraissait pas vouloir s’y conformer sans réserves. Dupleix revint à la charge le 28 mars :

« Je m’aperçois avec peine que tout est monstre pour vous… Vous êtes retranché dans votre camp jusqu’aux dents et en même temps vous en prêtez trop à l’ennemi. Toutes vos lettres sont remplies de projets et aucun n’a lieu. Je ne suis pas surpris de voir l’ennemi si peu sur ses gardes ; notre tranquillité le rassure. Le feu de l’imagination vous présente trop d’objets[1] et vous ne pouvez vous arrêter à aucun ; aussi je ne trouve que de l’indécision dans tout ce que vous me marquez… Si après ce

  1. On ne sait à quels objets plus ou moins imaginatifs de Law, il est fait allusion. Nous voyons cependant dans une lettre de Dupleix à Law du 31 mars, que pour empêcher l’arrivée du convoi de Devicotta, celui-ci aurait formé le projet d’envoyer sa cavalerie dans le Maïssour, c’est-à-dire dans la direction opposée. C’était sans doute par manière de diversion. Dupleix avouait ne rien comprendre à cette idée.