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rapportés aux conseils presque toujours timides d’un nombre de gens rassemblés… Il ne faut pas mépriser l’ennemi, mais aussi il ne faut pas tant lui donner… » (A. V. 3750, p. 66).

Sur ces entrefaites, Dupleix apprit que les Anglais, ayant consolidé leur situation dans le nord, se proposaient d’envoyer d’importants renforts à Trichinopoly par voie de Goudelour et de Devicotta. Il en informa Law le 15 mars et l’invita formellement à prendre toutes ses dispositions pour empêcher le convoi d’arriver à Trichinopoly : la supériorité de nos effectifs nous permettait de l’espérer. Il lui prescrivit à cet effet (22 mars) de rappeler tous les détachements qu’il pouvait avoir à droite ou à gauche, ne laisser de troupes que dans les postes autour de Trichinopoly et se porter avec le reste de ses hommes, c’est-à-dire avec la majeure partie de son armée, au devant de l’ennemi, jusque dans le royaume de Tanjore. Considération non moins importante, Law ne devait rien négliger pour assurer ses communications avec Valconde, qui lui assurait la voie libre jusqu’à Pondichéry.

Il n’entrait pas dans les idées de Law de faire ce mouvement en avant qui l’eût, à son avis, trop éloigné de sa base d’opérations, dans un pays hostile ; si l’on devait avoir affaire à des forces trop nombreuses, il préférait se cantonner dans l’île de Sriringam, d’où il observerait les mouvements de l’ennemi, et l’attaquerait à son heure sous les murs ou dans les environs de Trichinopoly.

Dupleix avait jadis envisagé lui-même que la concentration de nos troupes à Sriringam était la meilleure tactique et, disait-il, « il serait à souhaiter que l’on s’y fût toujours tenu », mais puisqu’on avait tant fait que de passer outre, il estimait qu’il serait honteux d’abandonner notre camp et de faire ce repli sans une raison