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de guerre et des hommes. Nous ne savons sur quels fondements il repose, mais nous ne pouvons croire que les Français violeront par une attaque directe la paix subsistant entre les deux nations. Cependant nous croyons nécessaire de vous donner cette information, pour que vous vous teniez sur vos gardes[1]. »

Lorsque la Compagnie d’Angleterre écrivait cette lettre le 24 janvier 1753, elle savait depuis plusieurs jours que les troupes françaises avaient été faites prisonnières à Trichinopoly et qu’ainsi les succès des Anglais s’étaient consolidés. Il ne pouvait plus dès lors être question de contrôler les faussetés de Dupleix ; justes ou illégitimes, ses projets étaient anéantis ou paraissaient l’être. Les événements avaient répondu pour la Compagnie. Loin de désavouer Saunders ou Lawrence, elle reprit pour son compte les idées des Français et, sans plus se soucier de conclure une paix honorable, elle songea avant tout à tirer de la situation un dénoûment conforme à ses intérêts. La vue d’un empire anglais dans l’Inde lui parut dès lors aussi réalisable qu’elle le paraissait à Dupleix et, sans perdre un moment, elle s’attacha à le préparer et à le constituer sur des bases plus étendues que l’acquisition de Devicotta, St-Thomé, Trivendipouram et Ponnamalli ne semblait au premier abord l’indiquer. Dans ces conditions, toute entente entre les deux nations devenait impossible ; chacune devait aux armes la justification de ses droits et s’il fut encore question de paix au moment de certaines crises, on attendit que le mauvais pas fut franchi pour reprendre la partie, c’est-à-dire pour continuer la guerre jusqu’à épuisement de l’un des adversaires.

La lettre à Saunders eut pourtant un résultat que

  1. Ar. Mad. Public. From England. Vol. 56.