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vous de les rétablir sur l’ancien pied. De combien de prétextes vous, Monsieur, et vos prédécesseurs ne ferez-vous pas usage auprès de vos supérieurs pour soutenir votre conduite tant à notre égard qu’à celui des seigneurs de l’Inde ? Je suis mortifié de me voir foncé de découvrir le vrai de votre conduite, mais je ne puis m’en dispenser. Il faut que l’Europe entière soit informée de tous les ressorts dont vos prédécesseurs et vous, Monsieur, faites usage pour ne point vous conformer aux traités les plus sacrés de paix, d’alliance et d’amitié qui subsistent entre nos souverains respectifs et que vous ne négligez rien pour prouver qu’ils ne vous obligent en rien du tout, et pour irriter les seigneurs du pays contre notre nation. Combien de réflexions ne pourrais-je pas ajouter encore à toutes celles que j’ai déjà faites ! Vos supérieurs ne les feront que dans l’amertume de leur cœur ; elles ne leur représenteront que des idées bien fâcheuses. Il ne tient qu’à vous, Monsieur, de les faire cesser de ces côtés-ci et de les épargner à vos supérieurs. »

Cet appel aux supérieurs de Saunders est net et significatif. Il est presque superflu d’ajouter qu’il ne produisit aucun des effets que Dupleix en attendait. Malgré sa répugnance à toute idée d’agrandissement territorial, la Compagnie d’Angleterre ne pouvait pas admettre que les Français pratiquassent cette politique pour leur seul compte et que Saunders se désintéressât d’une révolution si contraire à ses intérêts. Aussi, dès qu’elle eut connaissance de la situation dans l’Inde au mois de février 1752, s’empressa-t-elle d’écrire à celui-ci une longue lettre, de laquelle nous extrayons les passages suivants :

« Nous avons lu avec attention cette partie de vos lettres qui a trait à vos rapports avec les Français et les gouvernements du pays et nous avons vu que les projets de M. Dupleix ne tendaient à rien moins qu’à la destruction de notre commerce à la côte Coromandel. Nous ne pouvons qu’approuver les mesures que vous avez prises pour empêcher leur exécution et comme