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§ 9. — La lettre à Saunders.

Le succès de l’affaire de Trichinopoly ne répondant pas aux espérances que Dupleix en avait conçues au moment où il l’avait entreprise, il commença à craindre que la prolongation des hostilités ne produisit en France une fâcheuse impression. C’est alors que s’adressant à Saunders, il lui envoya — 18 février 1752 — une longue lettre[1], qui lui était beaucoup moins destinée qu’elle n’avait pour but d’éclairer l’opinion en Europe et surtout l’opinion anglaise, que Dupleix ne désespérait pas de se concilier en lui démontrant toute l’injustice des procédés et de la politique de Saunders et du Conseil de Madras. En cette lettre, Dupleix passait en revue tous les événements survenus dans le Carnatic depuis trois ans, en essayant d’en rejeter toute la responsabilité sur Saunders et son Conseil. Ce simple énoncé suffit à indiquer que la lettre n’était adressée au gouverneur que pour la forme ; Dupleix ne pouvait avoir la prétention de lui apprendre des événements que l’un et l’autre connaissaient parfaitement. Mais la leçon à en tirer pouvait se retourner contre Saunders ; c’est du moins ce qu’espérait Dupleix ; c’est en tout cas ce qu’il cherchait. Aussi sa lettre n’est-elle au fond qu’un plaidoyer personnel pour sa politique.

Nous n’entreprendrons pas d’analyser cette lettre au-

  1. Cette lettre vient d’être publiée par nous à Pondichéry, sous ce titre : La Politique de Dupleix, d’après la lettre à Saunders et le Mémoire du 16 octobre 1753.