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vaillance et le courage de ses troupes indiennes. Quant aux Européens, il était beaucoup moins certain que Dupleix que l’avantage ne fût pas du côté des Anglais.

Aussi tout le mois de février et le commencement de mars se passèrent-ils sans actions militaires d’aucune sorte. Law se repliait sur lui-même comme un homme pris de peur devant la fatalité des événements. Loin de chercher l’ennemi en plaine ou de l’y attirer, il se bornait à surveiller tant bien que mal les routes du sud et de l’ouest, sans se douter qu’un péril plus grave le menaçait. Restant sur la défensive, il se trouva insensiblement encerclé par l’ennemi du côté de l’est et du nord et les vivres commencèrent à lui arriver à lui-même avec quelques difficultés. Dupleix, à qui n’échappait aucune manœuvre de l’armée, lui en fit sentir le danger et lui représenta qu’avec 300 cipayes et 2 pièces de canon à l’est, autant au nord, il déblaierait vite les chemins et ferait venir tous les approvisionnements dont il aurait besoin ; il importait surtout, lui disait-il, d’assurer nos communications avec Valconde, la première étape importante dans la direction de Pondichéry. Quant à rester tranquilles, c’était la pire solution, nos troupes finiraient elles-mêmes par croire à notre propre infériorité. Si l’on ne voulait rien faire, il valait mieux conclure tout de suite un mauvais accord avec Mahamet Ali ou avec le Maïssour plutôt que de perdre son temps à soutenir Chanda S. qui ne nous aidait ni de ses troupes ni de son argent.

Ces conseils, où se dissimulaient mal quelques reproches, agaçaient Law plutôt qu’ils ne stimulaient son zèle ou ne lui donnaient de l’assurance ; il semblait au contraire qu’hypnotisé par les forces de l’ennemi, il fut de moins en moins disposé à payer d’audace et à remonter le courant qui risquait de l’emporter.