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difficile de prendre le contre-pied ; il y risquait son indépendance. Dupleix connaissait cette situation et composant lui aussi son attitude sur celle encore mal définie du davelay, tantôt il recommandait à Law d’agir avec rigueur contre le Tanjore en le menaçant de rompre la digue de Coilhady s’il ne versait pas l’intégralité des 200.000 rs., tantôt au contraire il lui prescrivait de se désintéresser d’une façon absolue des comptes et des revendications de Chanda Sahib.

« Le roi de Tanjore, écrivait-il à Law le 9 janvier, se moque du nabab [Chanda S.], de vous et de moi ; je ne veux plus me mêler de ses affaires ; je l’ai écrit à Chanda S., et de même à Tanjore. Je serai d’une parfaite indifférence sur tout ce qui arrivera dans cette partie et vous êtes entièrement le maître d’y faire ce que vous voudrez. Chanda S. et lui ne méritent point mes attentions. »

Comme Law insistait pour aider Chanda S. à recouvrer sa créance, en ravageant le pays, Dupleix le lui interdit formellement (7 février) :

« Je vous défends qu’aucune de nos troupes n’y paraisse. Lorsqu’il plaira à Chanda S. de faire ce ravage, sa cavalerie lui suffit. Je ne veux pas que, pour complaire à cet imbécile, la nation acquière la plus mauvaise des réputations. Je vous prie d’y faire attention. »

L’incertitude des décisions définitives du davelay et de Morarao dictait seule cette attitude plus prudente que sincère. Ils avaient des troupes à Trichinopoly depuis le mois de janvier ; mais elles y étaient en observation plutôt qu’en liaison réelle avec nos ennemis et il n’était pas encore certain qu’elles prendraient part à la lutte : les négociations qui se déroulèrent au mois de février en sont la preuve. Tout se précisa au mois de mars ; les pourparlers avec Morarao n’eurent aucune suite et le Maïssour sortit de la réserve qu’il observait depuis deux