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garanties. Le Maïssour désirait cette place pour son compte et Mahamet Ali la lui avait promise. S’il ne la demanda pas expressément à Dupleix au mois de janvier, il laissa entendre qu’il était tout disposé à l’acheter : peu importait qui la lui vendît. Dupleix était trop avisé pour ne pas comprendre à demi-mot, mais il mit une sorte de point d’honneur à ne pas traiter en marchand et, soit que la suggestion ne lui parût pas sincère, soit qu’il estimât au-dessous de sa valeur l’alliance du Maïssour, il rejeta la demande sous prétexte que Trichinopoly appartenait au Mogol et qu’il n’en pouvait disposer ; en réalité, écrivit-il à Law le 19 février, il trouvait la proposition déshonorante pour la Nation. Tout ne fut cependant pas rompu ; Dupleix envoya de nouveaux alcaras à Seringapatam pour maintenir le contact avec le roi et ses ministres. Ils en revinrent le 14 mars avec une lettre fort polie, mais où il n’était plus question de Trichinopoly. Le roi se contentait de demander notre amitié dans le style courant des affaires sans importance.

Les essais d’entente avec les Marates ne furent pas plus couronnés de succès. Dupleix espéra un instant s’attacher Morarao, dont le métier était de mettre sa cavalerie à la disposition du plus offrant. Il lui fit faire des ouvertures au début de février ; mais comme il avait dit et écrit de lui beaucoup de mal, il ne voulut pas se découvrir et tout se passa comme si Law et Chanda S. faisaient d’eux-mêmes les propositions. Ces pourparlers ne servirent qu’à rendre Morarao plus insolent.

Restait le roi de Tanjore. Ce souverain avait fini par verser à Chanda S. 40.000 rs., mais n’attendait qu’un renfort anglais pour refuser de payer le reste de la dette et peut-être pour se joindre à nos ennemis. Son attitude était subordonnée à celle du Maïssour, dont il lui était