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d’autorité pour agir directement sur les événements. Le Carnatic cesserait d’être pour lui comme un pays étranger pour devenir une sorte de dépendance de la Compagnie ; ce n’est plus pour Chanda S. qu’il travaillerait, mais pour la nation. Il fit donc demander à Salabet j. par Bussy une confirmation des paravanas accordés par Muzaffer j. et la reçut dans les premiers jours de décembre. Ce fut une autre question d’en faire immédiatement usage. Chanda S., s’étant fait quelques ennemis, pouvait être déposé sans que cet acte fit beaucoup de mécontents ; mais était-il certain que les Maures accepteraient aisément qu’un Européen lui succédât ? On risquait de tout gâter en se pressant. Après réflexion, Dupleix préféra attendre que les événements de Trichinopoly eussent pris une tournure plus franche ; or il s’en fallait qu’à ce moment la situation fût nette.

Chanda S. réclamait au Tanjore sur un ton aigre-doux 200.000 rs. que le rajah s’était deux ans auparavant engagé à lui payer ; ce prince résistait en laissant entendre que si l’on exigeait trop de lui, il passerait dans le camp ennemi. Mahamet Ali sollicitait depuis plusieurs semaines le davelay ou premier ministre du Maïssour d’entrer dans son alliance et, pour prix de son concours, lui promettait Trichinopoly à la fin de la guerre. Une armée maïssourienne s’était même avancée jusqu’à Carrour, à cinquante milles à l’ouest, mais elle n’avait pas encore opéré sa jonction avec celle de Mahamet Ali et ne se pressait pas pour aller plus loin. Il n’était pas jusqu’à Morarao, le célèbre et redoutable aventurier marate, qui ne fût invité, lui aussi, à joindre la coalition. Il la servait depuis près de deux ans de façon irrégulière et très récemment, au siège d’Arcate, la présence de ses cavaliers avait jeté la panique parmi nos troupes et avait déterminé