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amaldar de Chilambaram, Dupleix ne se serait pas laissé oublier. La Compagnie avait déjà enregistré le même bruit dans ses instructions secrètes à Godeheu, le 29 octobre 1753, lorsqu’elle disait qu’après la défaite de Nazer j., il avait été donné des pensions exorbitantes à Dupleix, à sa famille, à Bussy et à nos principaux officiers. Elle prétendait même qu’il était entré de ce chef à Pondichéry 100 millions dont elle n’avait pas retiré la moindre partie.

Ces imputations sont en principe exactes ; il est certain qu’en dehors des revenus territoriaux qui nous furent régulièrement concédés, Dupleix, Bussy, Kerjean, neveu de Dupleix, presque tous nos officiers et même nos soldats reçurent des princes de l’Inde, sous forme de cadeaux ou de gratifications et parfois par d’autres procédés des sommes fort importantes ; ce n’est pas avec leurs économies que Dupleix et Bussy auraient pu l’un avancer trois millions à la Compagnie pour soutenir la guerre et l’autre acheter en France une propriété qui lui coûta 600.000 fr.

Le partage du trésor de Nazer j., dont parle la Compagnie comme d’un grief essentiel, reste enveloppé de mystère quant au montant des sommes que purent toucher nos officiers et Dupleix lui-même ; mais qu’on ait profité de cette circonstance unique pour récompenser très largement des services rendus, cela n’est point douteux. Ces procédés étaient fort en usage à cette époque et n’ont pas disparu depuis. On les retrouve dans toutes les guerres.

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Godeheu ne nous parle pas des ressources fournies par le Décan, parce qu’il n’eut pas à en connaître, — ce pays ayant continué à relever directement de l’autorité du