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nord et à l’occasion avec Karikal, où il pourrait trouver un appui et des renforts. Quant à nos alliés maures, ils devaient avec leurs cipayes et cavaliers garder les lignes du sud et de l’ouest et empêcher tous approvisionnements de venir du Tondaman ou du Maïssour. Une dernière recommandation visait le Tanjore ; s’il n’était pas possible de l’attirer dans notre alliance, il convenait d’observer une neutralité scrupuleuse à son égard, point n’était besoin d’augmenter le nombre de nos ennemis.

Toutes ces prescriptions étaient aussi sages que la théorie peut le comporter. Comment Law allait-il s’y conformer ? Ses justes critiques contre d’Auteuil lui avaient donné un certain prestige et le succès de ses opérations au Coléron et à Coilhady semblait favoriser et exalter sa renommée naissante.

Les événements ne confirmèrent pas ces heureux présages. Le siège ou l’investissement de Trichinopoly se prolongea plus de huit mois sans révéler chez lui aucune qualité éminente et se termina au contraire par un désastre.

Les trois mois qui suivirent le passage du Cavery ne furent employés à aucune opération essentielle. Nos troupes, affaiblies dès le début par le renfort qu’on avait envoyé à Arcate, étaient trop peu nombreuses pour rien entreprendre sans le concours de Chanda S., et ce prince était lui-même trop occupé à faire rentrer les contributions pour avoir le temps de faire la guerre. Une partie de sa cavalerie seulement gardait les abords de Trichinopoly et les gardait mal : du côté de l’ouest, qui est celui du Maïssour, les vivres entraient dans la place sans être sérieusement inquiétés. À la fin, Law se résolut à occuper dans cette direction la petite ville de Kistinwaram, à quelque trente milles de Sriringam et y mit une garnison. Le