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Saunders, gouverneur de Madras, avait pensé nous faire renoncer au siège de Trichinopoly ; il supposait que nous nous reporterions vers le nord, lui laissant le champ libre dans le sud. Ce jeu n’était pas sans danger pour les Anglais. Que fût-il advenu si Dupleix avait fait faire demi-tour aux troupes de Law et les eût toutes jetées sur Arcate, jointes à celles qui quittèrent à cette époque Pondichéry ? Arcate eût sans doute été repris. De là à menacer les aldées de Madras, il n’y avait qu’un pas ! Qu’eût alors valu Trichinopoly pour les Anglais ?

Nous ne soulevons d’ailleurs ces perspectives qu’avec une extrême prudence ; la guerre est le champ de toutes les expériences et les calculs les plus justes se trouvent souvent, à l’exécution, être les plus défectueux. Loin de concentrer ses forces, Dupleix se crut assez puissant pour continuer de les tenir séparées et il s’attaqua tout à la fois à Arcate et à Trichinopoly. Il était convaincu que la prise de celle-ci ne serait que l’affaire d’un moment, et qu’il pourrait ensuite ramener l’armée dans le nord. Law eut donc toute latitude pour continuer ses opérations ; on lui enleva cependant quelques milliers de cipayes pour les envoyer devant Arcate. Le 25 septembre, il passa le Coléron, occupa bientôt après Coilhadi, d’où il pouvait le cas échéant faire une pression politique sur le Tanjore et arriva enfin devant Trichinopoly, la ville quasi mystérieuse où devaient finir nos peines.

Il n’y avait que deux moyens de s’en emparer, un assaut ou un siège. Étant donnée l’importance du mur d’enceinte, l’assaut était chanceux ; ces sortes d’opérations ne réussissent guère que par surprise ou quand la place est réduite à quelques défenseurs. Un siège était plus sûr, mais il fallait plus de temps : on ne pouvait aboutir que par la famine, en coupant toutes communi-