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(juillet 1749-septembre 1741). Bussy accumule succès sur succès et dans le Carnatic, notre territoire s’était accru de Villenour, de Bahour et de 81 aldées nouvelles à Karikal ; à la côte d’Orissa le soubab nous avait donné un territoire encore plus considérable. Dupleix avait obtenu pour son compte des titres politiques qui lui conféraient des droits à la domination du sud de l’Inde, peut-être illusoires, mais dont la vanité n’avait pas encore été révélée. Son prestige rayonnait sans le moindre nuage jusqu’à Delhy : Ambour, Trivady, Gingy et même Valconde résonnaient agréablement à nos oreilles et, malgré la lenteur des mouvements de d’Auteuil, nous touchions enfin au but poursuivi, nous étions sous les murs de Trichinopoly. Nul Français ne doutait que cette place ne dût succomber rapidement.

Mais la fortune nous en voulait sans doute de l’avoir trop ménagée. Du jour où nous passâmes le Cavery, nous n’éprouvâmes plus en cette partie de l’Inde que des revers et des infortunes, à peine entremêlés de quelques succès sans lendemain. Non seulement nous ne prendrons pas Trichinopoly, où notre armée entière sera faite prisonnière, mais en moins d’un an les Anglais nous auront réduits à nos anciennes limites. Seul Gingy nous restera comme un témoin de nos espérances déçues… Gingy et aussi le Décan.

Le 11 septembre, les Anglais nous enlevèrent Arcate, la capitale de la province et ce fut le début de nos infortunes. Arcate tomba avant même que nos troupes eussent passé le Coléron.

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En s’attaquant à cette place, au moment où il paraissait avoir le plus besoin de ne pas diviser ses forces,