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ments à Saunders pour réfuter les principes de légitimité sur lesquels Dupleix prétendait appuyer sa politique. La force seule pouvait avoir raison d’une si étrange confusion de droits contradictoires, incertains et d’autant mieux défendus.


Cependant, depuis la retraite de Valconde, les Anglais étaient à l’abri derrière les murailles de Trichinopoly. Quant à nous, nous tenions toujours la campagne, sans nous résoudre à passer le Coléron dont les eaux restaient hautes. Enfin, au début de septembre, la décrue commença à se faire sentir ; nulle raison ne nous retenait plus sur ses rives.

D’Auteuil résigna à ce moment ses fonctions. Il était toujours incommodé par la goutte et la souffrance ajoutait à son manque d’énergie. Une première fois, le 3 août, il avait passé le commandement à Brenier pour cinq jours ; vaincu définitivement par le mal, il quitta l’armée le 14 ou le 15 septembre et le 23, il était de retour à Pondichéry. Son successeur fut Jacques Law, jeune capitaine âgé de 28 ans, et que le siège de Tanjore, dix huit mois auparavant, avait mis en lumière.

Law était le neveu du célèbre financier de la Régence. Venu dans l’Inde en 1744 pour y servir dans les bureaux, il avait préféré l’épée et avait rapidement conquis les grades inférieurs. Esprit critique et caustique, il n’avait cessé de désapprouver la mollesse et les hésitations de d’Auteuil ; qui mieux que lui pouvait le remplacer ? Il n’était que temps de faire acte de vigueur, d’autorité et de décision.