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coutume de faire le commerce. « Ces difficultés, écrivait Dupleix à Saunders, ne servent qu’à faire connaître que la paix qui subsiste entre nos souverains ne vous engage en rien du tout, pas même au devoir de la simple bienséance, dont vous affectez d’oublier tous les usages. »

Quant à Mahamet Ali, ni craintes ni menaces ne pouvaient désormais le détacher des Anglais. Il avait avec eux partie liée par la communauté des intérêts ; eût-il voulu leur fausser compagnie, ses dettes l’enchaînaient à leur cause. Il n’eut trouvé nulle part ailleurs les ressources nécessaires pour faire figure de nabab ; les revenus qu’il retirait des places où son autorité pouvait s’exercer n’étaient pas suffisants pour lui permettre la moindre indépendance. Ses collecteurs d’impôts ne mettaient ni hâte à les faire rentrer ni conscience à les verser au trésor. Pour vivre, il avait besoin des Anglais. Quant à être traité de traître ou de rebelle, en quoi ce reproche pouvait-il le toucher il savait ce que valaient les firmans et, dans les contestations soulevées par la mort de Nizam oul Moulk, il pouvait assez légitimement prétendre que ni Muzaffer j., ni Nazer j., ni Salabet j., ni même Gaziuddin k., n’avaient des droits absolus à sa succession. Le véritable maître était le Mogol et celui-ci distribuait ses faveurs comme il l’entendait, sauf à donner la même province à deux nababs différents. C’était à ceux-ci à régler entre eux leurs comptes.

Comme pour accroître la confusion, on lut au Conseil de Goudelour le 22 novembre une lettre où Gaziuddin kh., nommé, disait-il, gouverneur du Décan, en informait Mahamet Ali, le confirmait comme nabab du Carnatic et l’invitait à détruire tous les fauteurs de troubles dans la province. Cette lettre ne pouvait que favoriser les résistances de Mahamet Ali, comme elle fournissait les argu-