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La lettre à Mahamet Ali était une nouvelle et dernière invitation à se soumettre :

« À quoi peut vous servir la rébellion dans laquelle vous êtes ? Que vous en reviendra-t-il de vous perdre de réputation ? que craignez-vous de moi ? Je suis d’un caractère à pardonner ceux qui sont repentants de leurs fautes ; je ne respire point la vengeance ; je reçois tous ceux qui reconnaissent leur faiblesse et viennent implorer ma clémence ; je ne suis point avide du sang de mes sujets. Ainsi vous pouvez en toute sûreté remettre la forteresse à Chanda S. et venir auprès de moi ; je vous recevrai comme il faut. Un peu d’obéissance de votre part vous rendra heureux. Je vous écris tout ceci à condition que vous vouliez en profiter. Si au contraire vous ne le faites pas, je saurai bien vous en punir. Réfléchissez à tout ceci et prenez le bon parti et sachez que le maître a droit de faire tout ce qu’il juge à propos. »

Ces lettres ne produisirent aucun effet. Saunders fit mettre en prison le porteur de celle qui lui était personnellement adressée et, loin d’entrer en composition soit avec Dupleix soit avec Chanda S., il s’occupa au contraire de conclure un accord avec Morarao et les Marates, pour mieux ruiner nos projets. Il s’efforça d’autre part d’empêcher toutes communications avec Pondichéry ; un navire anglais, le Britannia, qui avait débarqué en septembre des marchandises en cette ville, reçut l’ordre de les rembarquer pour Goudelour. « Je suis surpris, écrivit Saunders au capitaine, qu’avec les Français qui sont prêts à chaque instant à couper nos gorges, vous soyez capable d’une pareille action. » Simple tracasserie ; d’autres suivirent, telles le refus de nous rendre nos esclaves, l’interdiction de la liberté de circulation à nos gens qui allaient et venaient à travers le pays, la défense à divers Européens de venir à Pondichéry, l’opposition à la sortie des ports anglais des marchandises dont on avait