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Mogol qui lui avait concédé toutes les provinces entre la Quichena et le cap Comorin. Le Conseil de Goudelour enregistra purement et simplement la lettre de Dupleix sans y répondre (Délibération du 30 août) et l’affaire en resta là.

Anticipons maintenant un peu sur les événements, et suivons jusqu’à la fin de cette année 1751 le fil inconsistant des différentes manifestations d’ordre épistolaire ou diplomatique, où l’on cherchait de part et d’autre à justifier son intervention ou sa résistance.

Dupleix reçut en communication, à la fin d’octobre, deux lettres fort importantes que Salabet j. adressait à Saunders et à Mahamet Ali. Il les informait qu’il venait de recevoir du Mogol le firman du Décan et qu’ainsi se trouvaient levés les doutes de ceux qui pouvaient encore contester ses droits. Il recommandait en conséquence aux Anglais de se désintéresser désormais de la cause de Mahamet Ali, qui à ses yeux n’était qu’un rebelle.

« Les Européens, lui disait-il, sont gens d’esprit et pensent bien ; je m’étonne que vous qui l’êtes, vous vous soyez joints à lui. Que prétendez-vous faire et que vous en reviendra-t-il ? Du mal et pas autre chose. Vous vous êtes perdu de réputation et vous vous perdez encore davantage. Enfin je vous conseille d’abandonner ce rebelle et de vous mêler du commerce ; vendre et acheter, c’est votre métier et pas davantage. Ne faisant que cela personne ne vous molestera. Si au contraire vous continuez à lui donner du secours, je vous préviens que votre commerce et vos emplacements en souffriront et vous aurez ce que vous méritez. Tous les conseils que je vous donne ci-dessus c’est par pure bonté de ma part. Profitez-en et continuez à vous comporter ainsi que vous l’avez fait du vivant de mon père, sinon prenez-en à vous-même de tout ce qui vous arrivera[1]. »

  1. Cette lettre fut reçue à Goudelour le 17-28 octobre.